Les forces et les faiblesses de l’intelligence artificielle
Au cours de la rédaction de la conclusion de ma thèse, j’ai pu relever un certain nombre de forces et de faiblesses à l’Intelligence Artificielle. Cette annexe est le fruit de mes recherches et de mes expériences.
Les forces de l’intelligence artificielle
L’IA fascine, l’IA passionne. Et pour cause, les avantages de l’IA dans notre société sont indéniables :
Réduire les risques d’erreurs humaines
Cette réduction est basée sur l’utilisation de l’informatique par l’Intelligence Artificielle. L’ordinateur ne se trompera pas dans les calculs. Si je vous demande de multiplier 258 795 254 par 364 982, vous aurez plus confiance dans la réponse de l’ordinateur ou la vôtre ? Par sa force à prendre en compte une quantité considérable de données, l’IA a permis l’amélioration très importante des prédictions météorologique. Mais attention, l’ordinateur a été lui-même programmé par l’Homme. Prenons l’exemple des équipes travaillant sur Mars Climate Orbiter. En 1998, la sonde spatiale s’est écrasée sur Mars à cause d’un problème d’unité. Les valeurs calculées étaient correctes mais pas dans les mêmes unités. Une des équipes générait des données avec les systèmes de mesures anglo-saxons et l’autre équipe avec le système international. En résumé, l’ordinateur ne se trompe pas dans les calculs mais l’Homme peut toujours lors de l’interprétation et l’exploitation. L’utilisation de l’IA pour limiter ce genre de problématique est donc très important ;
L’IA peut prendre des risques pour l’Homme
En Chine, des robots ont été déployés pour délivrer des solutions désinfectantes lors de la pandémie COVID-19. La SNCF utilise depuis plusieurs années des drones équipés d’IA. Ces drones survolent les lignes et évaluent les installations électriques comme les isolateurs. L’IA est capable de déterminer si un isolateur nécessite une réparation et donc une intervention humaine. La vidéo suivante est un extrait d’une conférence Microsoft à Paris. Altamétris présente en fin de vidéo son IA ;
Une IA peut travailler 7 jours sur 7, 24h sur 24
Dans votre poche, vous avez une IA qui ne se repose jamais ! Google, Apple (Siri), Windows (Cortana), … proposent des assistants vocaux basés sur de l’IA. En 2018, Google proposait par le biais de Google assistant une IA capable de prendre des rendez-vous avec des personnes réelles ;
Une aide dans les travaux répétitifs
Boston dynamics travaille par exemple sur des robots pour déplacer des cartons, mettre en place des produits dans les magasins, … Lorsque de nouveaux algorithmes doivent être testés, ils le sont généralement en reconnaissance d’écriture (l’équivalent de la drosophile en biologie). Un projet très important actuellement est de numériser tous les livres anciens en texte analysable (pas seulement une photo du texte (comme un jpeg) mais le contenu du texte (comme un pdf)). La société française Telkia développe des algorithmes de traitement automatique des documents d’archives et historiques à base de Deep learning ;
Une assistance et une aide technique numériques
De plus en plus de sociétés utilisent des chatbots pour résoudre les premiers problèmes des utilisateurs. Il est de plus en plus fréquent de voir sur les sites des icones nous demandant « Comment puis-je vous aider ? » À travers, un jeu de questions, l’IA sera capable (plus ou moins bien) de vous diriger vers des réponses ;
Des décisions rapides et précises
En termes de vitesse et de précision, nous pouvons faire difficilement mieux que l’ordinateur : calculatrice, échec, …. Avez-vous déjà battu le niveau le plus élevé du jeu d’échec sur Windows en répondant aussi vite que l’ordinateur ? Dans une vidéo publiée par Tesla, nous pouvons voir la rapidité de la prise de décision d’une voiture autonome :
Dans une autre, nous pouvons observer sa capacité incroyable d’éviter un accident à venir ;
Génération de nouvelles connaissances et aide à la décision
Les nouvelles connaissances et les données disponibles pour les atteindre, c’est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin. Grâce à l’intelligence artificielle et sa capacité de traitement massive, nous sommes capables de générer de nouvelles connaissances et nous aider dans la prise de décision (Executive Summary 2018). Nous reviendrons plus longuement sur ce cas par la suite avec des exemples en médecine.
Les faiblesses de l’intelligence artificielle
Comme nous venons de le voir, les qualités de l’IA sont nombreuses. Mais comme la pièce a deux faces, l’IA présente aussi quelques faiblesses :
Le coût de création est encore élevé
Le domaine est nouveau et nécessite une quantité toujours croissante de données. Ces données ont un coût important (création, stockage, préparation, …). De plus, il n’y a encore que peu d’experts et les besoins en calcul sont très importants. La puissance des matériels informatiques requis ne cesse de croitre conduisant les grosses entreprises comme Google à trouver de nouvelles approches de calculs (ordinateurs quantiques) ;
L’IA a tendance à rendre l’Humain paresseux sur certaines taches
Nous avons évoqué la calculatrice précédemment. Lorsque que nous étions enfants, nous faisions beaucoup de calculs mentaux à l’école et nous savions résoudre des calculs complexes. Mais aujourd’hui, si je vous demande de calculer 236*367, quel serait votre premier réflexe ? Nous sommes toujours capables de trouver le résultat à « la main » mais notre première intention sera de chercher notre portable ou notre calculatrice (et moi le premier !).
Le chômage
« L’IA va voler mon emploi ! ». Nous avons tous entendu cette phrase au moins une fois. Il s’agit d’un des arguments le plus utilisé pour exprimer notre peur. Il est courant de dire que 85% des métiers de 2030 n’existent pas encore. Il est vrai que certains métiers vont disparaitre (plus personne n’allume les bougies des lampadaires publics le soir) mais la majorité vont évoluer. L’automobile est la parfaite illustration de cette évolution. Le métier de garagiste change (il commence aujourd’hui par brancher un ordinateur à la voiture !) mais il existe toujours. En étant impliqué dans ce changement, il ne faut pas craindre de perdre son emploi mais voir une opportunité ;
Il n’y a aucune émotion
Même si un courant tend à émerger ces dernières années, l’objectif de l’IA n’était pas d’avoir des émotions. Une IA n’a donc pas de notion de bien et de mal et se construit sa propre définition à partir des données fournies. En 2016, Tay, une intelligence artificielle développée par les équipes de Microsoft est devenue raciste après seulement quelques heures passées sur internet. Jean-Paul Delahaye, professeur émérite à l’Université de Lille 1, au Centre de recherche en informatique, signal et automatique, nous rappelle à cette occasion que même si nous parlons d’Intelligence Artificielle, “ce n’est pas pour autant que ces logiciels comprennent le moindre mot de ce qu’on leur raconte. […] Il ne s’agit que d’une illusion d’intelligence et de compréhension ». Arriverons-nous à une IA, sensible, adaptative et drôle comme celle présentée dans le film Her réalisé par Spike Jonze (2013) ? Aurons-nous l’occasion d’échanger avec des robots comme C3PO (Saga Star wars réalisée par Georges Lucas). Cet avenir semble lointain pour le moment.
L’IA se limite à une tache
Oui, l’ordinateur a réussi à battre le meilleur joueur de GO. Mais ce même joueur est rentré chez lui après la partie à l’aide de sa voiture alors que cette IA en est incapable. Au même titre que l’autopilote de Tesla ne battra pas un joueur d’échec. Aujourd’hui, les limites techniques nous poussent à développer des IA ultra-spécialisées sur une tache. Nous ne sommes pas encore capables de la rendre pluridisciplinaire comme l’Homme.